Traces écrites, école-collège, en Terres de Lorraine
Ce projet scientifique rassemble deux bassins de formation lorrains. Son groupe de recherche se compose de 21 personnes de statuts divers : inspecteurs de l'éducation nationale, principaux et principaux adjoints de collège, conseillers pédagogiques, enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur, étudiants-fonctionnaires stagiaires titulaires d'un master MEEF (Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation).
Les études scientifiques sur la trace écrite scolaire sont peu nombreuses mais toutes s’accordent sur le principe selon lequel on apprend en écrivant. Conformément à ce principe, des recherches (Jorro, 2002 ; Delormas, 2010) ont montré les mérites réflexifs d’un journal de formation. Il a été montré que la formalisation d’un apprentissage dans une forme d’écriture personnelle qui ne lui est pas à priori destinée génère questionnement, réflexivité et socialisation. Pourtant, ce rapprochement entre écriture personnelle et écriture d’apprentissage n’a pas gagné les prescriptions pour l’École. Les notions d’apprentissage personnalisé (OCDE, 2006) et de progressivité (Programmes scolaires des cycles d’apprentissages fondamentaux, de consolidation et d’approfondissements, 2015) existent mais l’écriture scolaire semble institutionnellement niée comme écriture de soi et comme occasion d’apprentissage rédactionnel. Se distinguent institutionnellement, d’un côté, une écriture littéraire scolarisée relevant de l’imitation et de l’invention (écriture qui se prépare, se travaille et s’organise au brouillon) et d’un autre côté une écriture scolaire (écriture de leçon, de résumé, de compte-rendu le plus souvent totalement pris en charge par l’enseignant seul et copié par les élèves).
La recherche menée dans le cadre du projet relie pratiques enseignantes et apprentissages des élèves au cycle 3. Elle approche cette écriture scolaire sous l’angle de l’écriture, sous l’angle de l’évaluation des apprentissages des élèves et sous l’angle de la culture professionnelle propre au cycle 3. Après un état des lieux des pratiques déclarées dans le groupe et des pratiques observées par les membres associés, nous nous intéresserons à la conception de traces écrites nouvelles : narratives, personnelles et/ou publiables grâce aux moyens numériques actuels.
Qu’apporteraient ces nouvelles traces scolaires aux acteurs de l’école et du collège ? Contribueraient-elles à l’évaluation positive des apprentissages des élèves ? Ainsi réinventée, cette écriture constituerait-elle une trace d’apprentissage personnalisé qui accompagnerait l’élève de l’école au collège dans le cadre d’un cycle commun d’apprentissage ? Faciliterait-elle la construction d’une culture commune entre les métiers de l’enseignement du premier et du second degré ?
Les enseignants associés pourront se livrer à des entretiens d’autoconfrontation croisée (Clot, Faïta, Fernandez et Scheller, 2000), à partir de l’observation de pratiques filmées. Ce dispositif produira des controverses qui feront émerger des manières partagées de penser et de piloter l’écriture scolaire d’apprentissage.
Un des enjeux du projet est de partir de nos observations et de les nourrir de lectures appropriées, pour produire des propositions pour une écriture renouvelée, alliant écriture de soi et écriture scolaire.