La Bella Confusione
Fabio Purino aperçoit la frontière italienne là où elle se trouve. Au bout d’une route, au bar, à la porte d’un restaurant, dans une salle de cinéma, en écoutant la musica leggera ou dans les tribunes d’un stade. Fino alla fine, fino al confine, au coin d’une allée, surgissent le désert des Tartares et la plaine du Pô, Le Colisée et le Duomo Milan, le Christ à Eboli, les ragazzi de la via Appia Antica et les insomniaques de la via Veneto, La Pietà et Venus, mamma e puttana, Pavese et Calvino, l’armée de Brancaleone et la squadra azzurra, les monstres de la Divine Comédie, la mer de plastique ou les canaux de Venise reconstitués dans l’immensità du Studio 5 de Cinecittà. Ad libitum. Fabio Purino traverse la rue comme on passe le Rubicon.
Il entre au paradis des rêves colorés comme dans une ville invisible qui pourrait ressembler à Udine ou dans l’atelier de peintre méticuleux pareil à une bacchanale : Motore ! Tout est symbole, tout est imaginaire. Anima pour que les images bougent par le pouvoir du regard de celle ou de celui qui les observe. Ses tableaux sont des Hexagrammes sur lesquelles il jette des formes et des couleurs comme s’il jouait au Yi king … étonnant, d’apprendre que tous les matins, Federico Fellini jouait à entrer doucement dans les rêves par des techniques divinatoires comme les mages au lieu d’y pénétrer comme le font les psychanalystes. Un rêve n’est jamais autobiographique bien qu’il ait un passé mais pas d’avenir. Il peint donc son roman italien avec du vrai rouge incandescent, couvre la peau de bleu de Savoie (pinto di blù) et écrit un rêve éveillé comme un medium répète en boucle une formule magique fellinienne pour conjurer ses péchés, Asa Nisi Masa. Il suffit de porter une attention profonde et le film commence dans des boucles de vents : Musica, Maestro !
Jean-François Diana
Pour aller plus loin : www.lorrainemag.com/sorties/fabio-purino-haut-en-couleurs/