Séminaire Pixel - Praxitexte : [webinaire PLIGe 2024-2025] - Mona Gérardin-Laverge, « “Pro-choix” vs “pro-life” : le pouvoir des mots dans la lutte pour les droits reproductifs »
- Centre de recherche sur les médiations, Crem
- équipe Pixel
- équipe Praxitexte
- Le Carnet du PLIGe « PLIGe (pratiques langagières et informationnelles traversées par le genre) »
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« “Pro-choix” vs “pro-life” : le pouvoir des mots dans la lutte pour les droits reproductifs » par Mona Gérardin-Laverge, chercheuse postdoctorante en philosophie à l’Université de Lausanne et à l’UC-Louvain Saint-Louis (Marie Skłodowska-Curie Actions)
Considéré comme un acquis par beaucoup de femmes, l’avortement est revenu sur le devant de la scène mondiale en 2022, avec l’abrogation par la Cour Suprême des Etats-Unis de l’arrêt qui protégeait l’avortement au niveau fédéral. D’importantes manifestations en Europe ont témoigné de la stupeur de nombreuses femmes que leur droit d’avorter puisse être remis en cause. Pourtant, les recherches scientifiques sur l’avortement en Europe montrent que « les régressions législatives et de fait, impulsées par les opposants à cette revendication » datent au moins des années 2000 (Marques-Pereira 2021 : 15), et qu’en la matière « rien n’est définitivement gagné pour les femmes » (Thouvenin in Brunet et Guyard-Nedelec 2018 : 11), parce que l’avortement est considéré comme « une liberté consentie aux femmes, mais non comme un droit qui leur serait garanti » (Carayon in ibid. : 18).
En France, si de nombreuses manifestations « pro-choix » ont suivi l’abrogation de l’arrêt Roe vs Wade, revendiquant l’avortement comme « un droit fondamental », parce que « mon corps, mon choix » et que « notre corps nous appartient », les mouvements anti-avortement n’ont cessé de se mobiliser. Des campagnes de collage des Survivants sur les vélos en libre-service à Lyon ou Paris à la Marche pour la vie, ces groupes défendent que « vivre est un droit, pas un choix » et renversent le slogan féministe « Mon corps, mon choix » en « Mon corps, pas ton choix ».
Dans ce contexte, il parait particulièrement urgent d’analyser les discours anti-choix. Nous chercherons dans cette séance à mesurer l’impact de la bataille des mots qu’ils mènent, en s’appropriant par exemple le concept de « vie » ou en détournant des slogans féministes, sur les droits fondamentaux et l’accès à la santé des femmes et des minorités de genre.