Discours et société (2e séance)
- Emilie Née (Centre d'étude des discours, images, textes, écrits, communication, Ceditec, Université Paris-Est Créteil)
- Marie Veniard (Laboratoire éducation et apprentissages, EDA, Université Paris Cité)
- Annabelle Seoane (Centre de recherche sur les médiations, Crem, Université de Lorraine)
- Loïse Bilat (Unité de recherche inégalités, diversité et institutions scolaires, IDIS, Haute école pédagogique Fribourg)
- Maude Vadot (Laboratoire langages, littératures, sociétés, études transfrontalières et internationales, LLSETI, Université Savoie Mont Blanc)
Interpellation, performativité, agency : richesses et limites de l’apport des travaux de Butler pour l’analyse du discours
Avec l'intervention de Noémie Marignier (ILPGA / Clesthia, Université Sorbonne Nouvelle)
Les travaux de Judith Butler, notamment ceux des années 1990, offrent des perspectives intéressantes pour l’analyse du discours, et ce au-delà d’une prise en compte du genre. Notamment, l’intérêt de Butler pour la question du discours, qu’elle articule autour des concepts-clés d’interpellation, de performativité, et d’agency, permet de s’interroger sur la puissance d’action de celui-ci. Cette prise en compte de la puissance d’agir par le discours peut s’avérer intéressante dans des perspectives contemporaines de réflexion en AD sur l’action politique et militante autour de nouveaux enjeux (race, genre, sexualité, écologie – et pas seulement la classe). Par exemple, le concept d’agency, en ce qu’il permet de prendre en compte à la fois la contrainte exercée par les discours et la résistance ou les moyens d’action que permettent ceux-ci, peut être utile pour des approches sociales du langage qui cherchent à analyser les effets politiques et sociaux du discours. Le travail de Butler présente dans ce cadre l’intérêt d’avoir des résonances fortes avec l’analyse du discours telle qu’elle se pratique en France : elle est nourrie des travaux d’Althusser et Foucault, elle questionne la matérialité des discours, elle s’inspire de pragmatique (discipline voisine de l’AD), entre autres. De là, Butler s’avère une richesse pour l’AD en tant que son travail permet d’intégrer de nouveaux objets (le genre) mais aussi de nouvelles problématiques (la capacité d’action et pas simplement l’assujettissement idéologique). Pour autant, l’application de ces concepts en AD se révèle parfois malaisée : les matérialités discursives attestées résistent souvent à l’analyse par les outils « butlériens ».
Noémie Marignier exposera plusieurs de ces difficultés (abstraction des théories, lectures trop littérales des discours, interprétations abusives), puis certaines résolutions possibles : à partir de plusieurs extraits de corpus, elle montrera comment articuler ces concepts à des outils d’analyse plus classiques de l’AD permet des interprétations robustes.
L'inscription est obligatoire.
La séance se tiendra également sur Zoom.