Colloque : Raconter et dire le Holodomor. Quand la littérature fait histoire

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Type de manifestation
Colloque
Date (smart)
Lieu
Inalco (Paris)
Organisateur(s)

● Inalco - Institut des langues et civilisations orientales, Centre de recherche Europes-Eurasie
● Université de Lorraine, Centre de recherche sur les médiations
● Université nationale de Tchernivtsi Ioury Fedkovitch, Ukraine

Descriptif

ARGUMENTAIRE DU COLLOQUE

Les témoignages littéraires sur la Grande famine ukrainienne, le Holodomor, sont à nos jours si nombreux qu’ils constituent une catégorie générique en elle-même. À ses débuts, la littérature du Holodomor s’est formée, schématiquement et topologiquement parlant, en deux volets : d’une part, des témoignages littéraires produits et/ou publiés en Ukraine soviétique, et, d’autre part, des témoignages diffusés hors de l’urss (dans la littérature de la diaspora). Ainsi le traitement du Holodomor a-t-il débuté dans la littérature ukrainienne dans les années 1920-1930, période caractérisée par une activité littéraire et artistique intense et riche de la part de la génération dénommée « la Renaissance fusillée ». 

En même temps, les œuvres prototypiques de cette catégorie générique, à savoir, Mariya d’Oulas Samtchouk et Le Prince jaune de Vassyl Barka (toutes les deux traduites en français), ont été écrites et diffusées en dehors de l’Ukraine soviétique. Après l’indépendance de l’Ukraine, la littérature du Holodomor a connu un réel essor ; en effet, d’une part, on édite un grand nombre d’œuvres qui avaient été « écrites pour leur tiroir », vu la censure régnant à leur époque sur un tel sujet, par des auteur·trices ukrainien·nes, et, d’autre part, de nouveaux textes qui traitent de ce génocide ne cessent pas de paraître jusqu’à nos jours (par exemple, L’Age des fourmis rouges de T. Piankova, Kyïv, Nach format, 2022).  Le Holodomor est devenu aussi un sujet à part entière d’ouvrages littéraires écrits et parus hors de l’Ukraine (Cf. Les Cahiers ukrainiens  [mémoires du temps de l'URSS] d’Igort, Futuropolis, 2010, en français).

Objectifs du colloque

La section ukrainienne de l’Inalco a consacré à ces thématiques deux colloques, à savoir « La Grande Famine – Holodomor : Connaissance et reconnaissance » (2016) et « Holodomor : Les Témoins. La Grande famine en Ukraine 1932-1933 » (2018). Ce troisième volet de ce projet scientifique a pour objectif d’étudier la « littérature du Holodomor ». Il s’agira, donc, non seulement d’analyser quelles formes (stylistiques, génériques, thymiques, figurales…) que peut prendre cette littérature, mais aussi de s’interroger sur la capacité qu’elle a de narrer l’inénarrable, d’imaginer l’inimaginable, tout en restant « fidèle » à l’événement qu’a été le Holodomor. Fidélité non seulement au sens de respect de la vérité historique, mais aussi au sens qu’Alain Badiou donne à ce terme qu’il conçoit comme une « procédure » par laquelle est sollicité un événement, en le reconnaissant et en agissant de telle sorte que les conséquences de cet événement deviennent aussi des événements. On peut estimer, en effet, que le « réel » visé par la littérature se situe non seulement dans ses références – son amont – mais aussi dans ses effets – son aval.

Le colloque entre en résonance avec les préoccupations de Catherine Coquio, spécialiste de l’étude des formes littéraires de la violence historique, quand elle conseille d’effectuer un « recentrage philologique sur les textes », en tenant compte « de la complexité réelle des textes, et, lorsqu’il s’agit des témoignages, de la diversité des modes d’écriture et procédés de littérarisation » (Coquio C., 2007, p. 180).

On s’interrogera aussi sur les délimitations et les fondements des corpus littéraires sollicités. On pourra ainsi analyser comment des éléments testimoniaux, extraits de leurs contextes géographique, historique et linguistique, prennent une dimension et une valeur autres dans un contexte nouveau, comment ils sont herméneutiquement interprétés et communicationnellement inter-prêtés.
 

PROGRAMME DU COLLOQUE

- 9h30 : Accueil et ouverture du colloque

Procédés et modes d’écriture et de littérarisation du Holodomor
Modération : Aurélie BARJONET (Université de Versailles, Saint-Quentin-en-Yvelines)
 
- 10h00-10h30 : Galyna DRANENKO (Université de Tchernivtsi / Université de Lorraine) : La littérature ukrainienne du Holodomor comme catégorie générique

- 10h30-11h00 : Alla SHVETS (Institut Ivan Franko de l’Académie nationale des sciences de l’Ukraine, Lviv) : La tragédie du Holodomor à travers le prisme de l’écriture féminine (le cas des romans des écrivaines ukrainiennes)
 
- 11h00-11h30 : Nour-El-Houda BENDERDOUCH (Université Hassiba Ben Bouali de Chlef) : Le Holodomor à travers le filtre de la littérature : vers une littérarisation des témoignages historiques dans Le Holodomor ou les fils de Caïn de Vincent Gabarra et L’Ukrainienne de Josef Winkler
 
- 11h30-12h00 : Discussion
 
- 12h00-13h00 : Pause midi
 
Modalités des réceptions des témoignages littéraires sur le Holodomor
Modération : Etienne THEVENIN (Université de Lorraine)
 
- 13h00-13h30 : Oksana LEVYTSKA (Université de Lviv) : Voir la famine : la réception littéraire du Holodomor dans les biographies des peintres
 
- 13h30- 14h00 : Nicole DZIUB (Université de Bâle) : Le Holodomor, ou les angles morts des voyages et des reportages en URSS (Gide, Bourke-White, Abbe)
 
- 14h00-14h30 : Iryna DMYTRYCHYN (Institut des Langues et Civilisations orientales, Paris) : La littérature au service du régime ou la mise en place de la négation du Holodomor
 
- 14h30-15h00 : Discussion
 
- 15h00-15h15 : Pause-café
 
- 15h15-16h00 : Table ronde « La littérature qui fait histoire » avec Catherine COQUIO
Modération : Galyna DRANENKO et Iryna DMYTRYCHYN
 
- 16h00-18h00 : Bilan et clôture du colloque
 

ORGANISATION

Iryna DMYTRYCHYN (CREE, Inalco)
Galyna DRANENKO (CREM, Université de Lorraine)
 

CONTACTS

etudes-ukrainiennes[at]outlook.fr et galyna.dranenko[at]univ-lorraine.fr

Localisation

48.8276761, 2.3767773

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