Genre, sexualité & société, « Arts, Cultures et Activismes LGBTI et Queer »
Genre, Sexualité & Société – Appel à articles (in english below)
« Arts, Cultures et Activismes LGBTI et Queer. Cultures, identités et mobilisations collectives à l’aune des productions artistiques et médiatiques »
Coordination :
- Louise Barrière (Doctorante –Musique & Arts du Spectacle, 2L2S, Université de Lorraine)
- Mélodie Marull (Docteure –Arts plastiques, Crem, Université de Lorraine)
En 2017, le long–métrage de fiction 120 battements par minute, réalisé par Robin Campillo, porte sur le grand écran l’histoire d’Act Up-Paris, association de lutte contre le sida fondée en 1989. Le film gagne l’approbation tant de la critique que du public ; et ce succès est intéressant à plus d’un titre. D’abord parce que le film met en scène l’histoire d’une lutte portée, des années 1980 à nos jours, par les mouvements LGBT. Aussi, parce que la popularité de 120 battements par minutes réveille, du côté des interlocuteurs institutionnels, le débat autour d’un projet de centre d’archives LGBT à Paris, porté par des militant·es, qui fondent en 2017, à la faveur du succès du film et à l’impulsion d’Act Up-Paris, le collectif Archives LGBTIQ. L’histoire de ce film, de sa création à sa réception, révèle ainsi les intrications multiples de l’art, la culture, et la politique des mouvements LGBTI et queer. Ce sont ces agencements, dans toute leur variété, que nous proposons d’interroger ici.
L’intitulé de ce dossier, « Arts, Cultures et Activismes LGBTI et Queer » joue de termes polysémiques, mobilisés dans la formation de concepts qui émergent eux-mêmes de disciplines variées. « Cultures » peut ainsi désigner, dans un sens anthropologique, l’ensemble des traits distinctifs caractérisant le mode de vie d’une communauté (voir par exemple les travaux de Kennedy & Davis, 1993 ; Lewin & Leap, 1996), mais également référer aux cultures populaires (de Lauretis, 2007), aux industries culturelles, ou encore à la culture légitime. « Queer » se fait quant à lui terme « parapluie », englobant l’ensemble des identités LGBTI (Lesbiennes, Gays, Bisexuel–les, Trans’ et Intersexes), mais peut aussi renvoyer à une forme de militantisme radical, ou, dans l’acception de (gender)queer, à des identités de genre troublant la binarité masculin–féminin (Butler, 2005), si ce n’est à une anti–identité (Alexander, 1999 ; Gamson, 1995). Si les auteurs et autrices demeurent libres de choisir l’interprétation qu’ils et elles feront de ces termes dans la construction de leurs terrains et objets d’enquête, penser leur diversité et leurs liens appelle à la constitution de dialogues interdisciplinaires. Afin d’établir une première esquisse de ces questions, nous donnons ci-après un aperçu non exhaustif des concepts mobilisables dans l’analyse des manières variées dont s’entrelacent cultures, esthétiques, identités et actions collectives.
Considérant les objets culturels et artistiques mobilisés par les mouvements LGBTIQ, ainsi que leurs modalités de création, présentation, consommation ou réception critique, nous pensons ceux–ci non pas comme des objets autonomes, mais comme des outils nous permettant de comprendre l’organisation des sociétés contemporaines et des rapports sociaux de pouvoirs qui les structurent, à l’instar des démarches issues des Cultural Studies (Cervulle, Quemener & Vörös, 2017 ; Neveu, 2010). La production culturelle et médiatique, la création artistique, les espaces de rassemblements communautaires, des plus explicitement militants aux plus festifs d’entre eux, permettent en effet
bien souvent aux personnes LGBTIQ de retrouver une forme d’agentivité face aux poids des normes « cishétéropatriarcales » –ceci, non sans toutefois se voir parfois opposer certaines limites (voir par exemple Espineira 2017 ; Gieseking, 2020). Dès lors, il s’agit de ne pas voir en ces objets culturels de simples représentations symboliques des politiques à l’oeuvre dans les communautés et mouvements LGBTIQ, mais également de souligner leur capacité à produire et renforcer des identités collectives (Almar, Cantacuzène & Lefaucheur, 2014), ou encore à renégocier leurs significations (Amato, 2016). Plus encore, ils cristallisent des enjeux tant hégémoniques que contre-hégémoniques (comme le rappelait Hall, 1981 [2010]) ; c’est pourquoi il importe par exemple aussi bien d’étudier la construction culturelle et médiatique de l’homonormativité, dont les aspirations normalisatrices relèvent elles aussi d’idées et d’engagements politiques particuliers (Vanlee, 2019), que de s’intéresser aux résistances qui lui sont opposées. L’identité n’est donc pas à comprendre comme figée et essentialiste, ni comme une unité naturellement stable et inaltérée, mais comme un concept « stratégique et situé » émergeant du « jeu des modalités spécifiques du pouvoir » (Hall, 2008 : 379-380). En ce sens, militant-e-s, artistes et individus peuvent se rassembler autour d’une identité collective, cristallisant différentes revendications, à commencer par leur droit à « vivre des vies vivables » (Butler, 2017). Or, c’est bien dans cette revendication élémentaire que naît leur dimension politique.
Dès les années 1980, Fillieule (1988) souligne par exemple le développement de médias consacrés « aux styles de vie, aux aspects culturels et aux services commerciaux offerts aux homosexuels », comme le journal Samouraï ou la radio pirate Fréquence Gaie. Plus tard, Eleftheriadis (2018) analyse la manière dont les festivals queer et leur public font collectif autour d’une « anti–identité ». Or, ces productions culturelles, médiatiques ou événementielles constituent à la fois un levier d’action et une finalité, caractéristique de ce que Duyvendak nomme des « mouvements identitaires » (1996). Par leur biais s’ouvrent alors des espaces de rassemblement et d’expression qui rejoignent le concept de « contre–public subalterne », développé par Nancy Fraser afin de désigner des « arènes discursives parallèles [à l’espace public dominant], où les membres de groupes sociaux subordonnés inventent et mettent en circulation des contre-discours qui leur permettent, in fine, de formuler des interprétations oppositionelles de leurs identités, intérêts et besoins » (Fraser, 1990 : 67). Par la suite, les travaux de Fraser ont également largement trouvé écho du côté des Queer Studies (comme chez Halberstam, 2005 ; Muñoz, 1999). Parallèlement, le géographe Gordon Brett Ingram propose, en 1997, de désigner comme « queerscape » tout « aspect du paysage social (...) incarnant un ensemble de processus s’érigeant à l’encontre de ceux qui blessent, réduisent, isolent, enferment dans des ghettos ou annihilent » les minorités sexuelles. Or, depuis cette date, le concept de « queerscape » a fait l’objet d’adaptations et permet aujourd’hui de penser des objets ou pratiques comme le cinéma (Gras-Velazquez, 2012 ; Keshti, 2009 ; Kim, 2017 ; Leung, 2001 ; Marchetti 2017), la musique (Clifford-Napoleone, 2015, 2016), ou les médias (Schwartz, 2016). Ces circulations théoriques du queerscape montrent que la fiction peut également tenir lieu d’espace communautaire de repli, de refuge et de revendication, venant non pas remplacer, mais suppléer les temporalités et espaces de rassemblements collectifs localisés ou virtuels.
En ce sens, l’identité est également affaire d’esthétique. La notion de camp, telle que théorisée par Sontag (1964 [2018]) ou Newton (1972), sert ainsi la réflexion sur les identités culturelles LGBTQI et leurs dimensions politiques. Harvey décrit la pièce Angels in America, comme une oeuvre faisant du Camp « un signe de résistance et de solidarité gay », argumentant que sous la plume de Kushner, le concept se voit « investi d’une charge politique, qui s’inscrit dans la revendication d’une différence homosexuelle irréductible et subversive » (Harvey, 1998). Parallèlement, Le Talec pose le camp –sa théâtralité, son humour mais aussi ses sociabilités –comme jouant « un rôle de premier plan dans la lutte contre le sida » (Le Talec, 2008), si bien que celui-ci est érigé, comme l’écrit Dyer, en moyen pour les homosexuels « d’imprégner la culture de la société dans laquelle ils
vivent » (Dyer, 2002). La revendication de cette sensibilité est ainsi devenue constitutive d’une identité artistique et culturelle gay spécifique, faisant du goût camp le reflet d’un vécu de marginalisation. Cependant, la constitution de ces communautés de goût répond également à des rapports de pouvoir internes aux communautés LGBTI et queer, entrainant la reproduction de normes d’(il)légitimations culturelles (Le Guern, 2007)… Et ceci tandis que, d’autre part, des formes de sensibilités esthétiques a priori minoritaires, alternatives, ou radicales se voient canonisées, par le biais de la recherche académique ou d’une incorporation dans une industrie dominante (Paudler, 2019 ; Shetina, 2018, entre autres).
Le corps de l’artiste, lorsqu’il cristallise les enjeux et l’urgence de luttes politiques, se fait aussi vecteur d’une émancipation individuelle au potentiel néanmoins collectif. Ainsi, ces pratiques, qu’il convient également d’envisager comme des stratégies militantes, s’enracinent dans une histoire des luttes (Lebovici, 2017) et attestent de la place singulière de l’individu dans les mobilisations collectives comme artistiques, les trajectoires personnelles faisant corps avec la communauté. Les recherches de Renate Lorenz (2018) —mais aussi ses productions artistiques avec Pauline Boudry pour N.O. Body (2008) —mobilisent d’une part le croisement de pratiques artistiques, scientifiques et militantes et d’autre part l’exploration de nouvelles perspectives temporelles dans l’histoire des représentations de corporéités marginales ou marginalisées. Dans une dynamique similaire, les concepts de lignées (Alfonsi, 2019) et de « queeriosité transhistorique » (Villemur, 2007) ouvrent à une meilleure compréhension des enjeux et des modalités de dynamiques subjectives et affectives dans l’articulation de corpus sonores, iconographiques et théoriques comme dans la construction —non plus d’une, mais —d’histoires des représentations.
Ces multiples exemples d’interactions, frictions et tensions entre création artistique, production médiatique et culturelle, mobilisations et identités collectives LGBTIQ dénotent d’une profusion de problématiques, objets et événements à analyser. Les propositions de contribution pourront donc aborder des thèmes s’inscrivant dans les perspectives proposées ci-après –sans toutefois nécessairement s'y limiter. Si nous n’imposons aucune limite géographique ni historique, nous insistons toutefois sur l’attention toute particulière avec laquelle nous évaluerons les propositions se situant au croisement de plusieurs disciplines et champs d’étude, parmi lesquels la sociologie, l’anthropologie, l’esthétique, les sciences de l’art, la musicologie et l’ethnomusicologie, la géographie culturelle, les sciences de l’information et de la communication ou les cultural studies. Il nous semble, de plus, primordial de s’attacher à ne pas séparer l’analyse formelle des objets, de l’analyse de leurs contextes de production ou de réception.
Dans tous les cas, il s’agira de se souvenir que les communautés et mouvements LGBTI et queer sont également traversés par d’autres rapports sociaux de pouvoir s’articulant autour du genre, de la classe, de la race, de la validité ou de l’âge (Clay, 2017 ; Logie & Rwigema, 2014 ; Ukaegbu, 2007), ceci dans une perspective intersectionnelle (Collins, 2016). Nous porterons alors une attention spécifique aux contributions qui étudient la manière dont les processus de construction d’identités collectives LGBTI ou queer interagissent avec différents rapports sociaux, tant dans la perspective d’une analyse des dynamiques de pouvoir, que dans l’étude de la mise en oeuvre de coalitions.
- Création, réception, circulations et savoirs communautaires.
Des séries télévisées de grande audience comme The L Word ou Queer as Folk aux fanzines queer imprimés à quelques centaines d’exemplaires, sans oublier pièces de théâtre, films, expositions d’art contemporain, disques et concerts, ouvrages littéraires, etc., les identités collectives LGBTIQ sont représentées, mobilisées, disputées voire construites au moyen d’un vaste champ de productions artistiques et culturelles, cristallisant de multiples enjeux : lorsque certaines semblent exercer un pouvoir normalisateur, d’autres brouillent les limites entre création artistique et support militant. La
réception n’est par ailleurs pas dénuée de dynamiques similaires, et l’on observe des communautés LGBTIQ de « fan activistes » se former autour d’oeuvres variées et se mobiliser pour de meilleures ou de plus nombreuses représentations LGBTIQ dans les productions culturelles et médiatiques. Parallèlement, des artistes, professionnels comme amateurs, s’approprient, détournent ou parodient des contenus afin de leur ajouter un sous-texte LGBTIQ.
Si certaines de ces productions artistiques ou médiatiques sont collectives, d’autres sont le fait d’un auteur unique. Toutes portent cependant un regard, individuel ou collectif, sur les communautés LGBTIQ et leurs luttes ou se font l’écho de savoirs communautaires. S’ouvrent ainsi des dialogues où échangent communauté, oeuvres, et artistes, créateurs ou producteurs. Comment l’analyse des procédés de création ou de réception peut-elle nous éclairer sur ces échanges qui façonnent les identités collectives ? Comment ceux-ci participent-ils aussi de la construction de (contre-)canons esthétiques, tant au sein de communautés "underground" que par la circulation des esthétiques et productions artistiques et culturelles LGBTIQ dans des milieux institutionnels ?
- Médiations et médiatisations des luttes LGBTIQ
À l’image de l’histoire d’Act Up-Paris, mise en scène dans le film 120 battements par minutes, les luttes LGBTIQ font l’objet également de médiatisations, et leurs productions artistiques et culturelles de patrimonialisations. Ainsi, si ces productions jouent par exemple un rôle dans la formation de, ou la résistance à des formes d’homonormativité, leurs dispositifs de médiation s’inscrivent également dans des cadres variés, répondant à des demandes tantôt institutionnelles, tantôt sub-ou contre-culturelles. Or, il nous faut envisager ces médiations comme façonnant les modalités de transmission et de circulation des idées et des objets. Sur quels instants des luttes LGBTIQ les productions artistiques, médiatiques et culturelles attirent-elles notre regard ? Lesquels sont à l’inverse occultés ? Et plus encore, comment le cadre de diffusion ou de consommation de ces productions répond-il lui aussi à des enjeux et des revendications identitaires ?
- Donner corps aux luttes et aux cultures LGBTIQ
La construction d’une réflexion autour des corps LGBTIQ peut, au-delà d’un adossement iconographique, trouver dans des représentations antérieures des analogies avec des sphères de revendications plus contemporaines, invitant à une analyse des propositions d’écritures critiques et alternatives de l’histoire de l’art, dans des perspectives tant épistémologiques qu’artistiques. S’inscrivant dans une approche émancipatrice des sciences de l’art, cette mise en visibilité de pratiques et de corpus artistiques constitue un enjeu politique certain dans le monde de la recherche scientifique, mais aussi pour les institutions artistiques ou les groupes militants. Les analyses de corpus visant leur actualisation (voire (ré)activation) au prisme d’un bagage théorique issu des réflexions sur le genre et la sexualité pourront être accueillies au sein de ce numéro. Quelles sont les modalités et les enjeux de telles démarches ? Comment celles-ci engagent-elles les chercheur·es ? Ainsi, donner corps peut être entendu comme une mise en forme, en cohérence, de pratiques, de témoignages, d’images, de textes ou de toutes autres productions liées aux luttes et cultures LGBTIQ, dans leur contexte initial comme dans la lecture (à la dimension affective parfois revendiquée) qui en est faite. Il sera donc possible d’explorer toute démarche d’articulation de corpus, polymorphes ou non, en lien avec les luttes et cultures LGBTIQ.
Ce donner corps pourra aussi être envisagé comme l’incarnation d’enjeux politiques à même le corps de l’artiste. La performance dans l’espace public, comme le happening militant pourront, parmi diverses pratiques, être sujets de réflexion. Nous invitons ainsi à questionner la porosité entre création artistique et activisme LGBTIQ, y compris dans le cadre d’une démarche de type recherche création.
Soumettre une proposition :
Les propositions d’articles, d’environ 500 mots, comprennent un titre, une présentation de l’article, les objets et les méthodes, ainsi que les nom, prénom, statut, rattachement institutionnel et email de l’auteur·e. Elles doivent être envoyées pour le 15 mars 2021 au plus tard aux coordinatrices du dossier Louise Barrière ( louise.barriere@univ-lorraine.fr ) et Mélodie Marull ( melodie.marull@univ-lorraine.fr ), ainsi qu’au comité de rédaction de la revue Genre, sexualité & société ( revuegss@gmail.com ).
Les auteur·e·s seront avisé·e·s par mail des propositions retenues avant le 15 avril. Les articles, inédits (35.000 à 60.000 signes), devront être envoyés le 1er septembre 2021 au plus tard. Les instructions aux auteur·e·s pour la rédaction des articles sont disponibles en ligne (https://journals.openedition.org/gss/747). Suivant la politique éditoriale de la revue, chaque article fera l’objet d’une double évaluation anonyme. L’acceptation de la proposition ne signifie donc pas acceptation automatique de l’article. Les articles retenus seront publiés dans le n°27 à paraître au printemps 2022.
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Gender, Sexuality & Society – Call for papers
« LGBTI and Queer Art, Culture and Activism.
Cultures, identities and collective mobilizations in art and media production »
Special Issue Editors:
- Louise Barrière (PhD Candidate in Popular Music & Performing Arts, Université de Lorraine)
- Mélodie Marull (PhD in Visual Arts, Université de Lorraine)
In 2017, 120 Beats per Minute, Robin Campillo’s third full-length feature film, brought the history of ACT-UP Paris, a grassroots political collective founded in 1989 as a response to the AIDS crisis, into movie theaters. Appraised by audiences and critics, the movie received multiple awards, including at the Cannes Film Festival and at the Césars ceremony. In our opinion, the success of 120 Beats per Minute presents several interests. First, the movie depicts the history of a fight that has been carried, from the 1980s onwards, by LGBT and queer activists. Moreover, the popularity gained by 120 Beats per Minute in France has revived a long-standing debate, urging institutional representatives to take position on the foundation of an LGBTIQ archive center in Paris –a project that grassroots activists had enduringly been advocating for. As such, the history of 120 Beats per Minute, from its creation to its reception, exemplifies the complex interrelations of art, culture and politics in LGBTI and queer movements –a topic that this special issue of Genre, Sexualité & Société aims to question and analyze, in all its diversity.
“LGBTI and Queer Art, Culture and Activism” is a title loaded with polysemic terms, underpinning the development of various concepts that stemmed from distinct academic disciplines. In anthropology, for instance, “culture” refers to the distinctive traits (i.e. rituals, lifestyles, beliefs, knowledge or norms) characterizing a specific community (in LGBTIQ studies, see for example Kennedy & Davis, 1993; Lewin & Leap, 1996). Yet, “culture” could also involve popular culture (de Lauretis, 2007), cultural industries, or the so-called “high” culture. Meanwhile, “queer” is sometimes used as an umbrella term, encompassing the entire array of LGBTI identities (lesbian, gay, bisexual, trans and intersex alike). But it also designates a radical form of activism, label gender identities troubling the male-female binary (Butler, 1990), as in (gender)queer, or describes an anti-identity (Alexander, 1999; Gamson, 1995). While we wish to leave the prospective authors free to determine which interpretation is the most relevant to their own research, reflecting on their diversity and interactions calls for the formation of inter-and transdisciplinary dialogues. To introduce these approaches, we will first recall some of the relationships that tie together LGBTIQ cultures, aesthetics, identities and collective actions, as outlined by previous accounts of academic research.
Examining the art and cultural production of LGBTIQ movements, as well as their modalities of creation, presentation, consumption, or critical reception, implies that we consider them as tools to understand how contemporary societies are organized and structured by power relationships, as already highlighted by cultural studies scholars (Cervulle, Quemener & Vörös, 2017; Neveu, 2010). Indeed, media and cultural production, art creation, as well as community spaces often provide
LGBTIQ people with a form of agency, helping them to counter or bear the weight of “cisheteropatriarchal” norms; even though limits may sometimes arise in the process, constraining the movement’s actions (see Espineira, 2017; Gieseking, 2020). Therefore, cultural objects cannot be treated as mere simple symbolic representations of the politics of LGBTIQ communities and movements: rather, they produce and reinforce collective identities (Almar, Cantacuzène & Lefaucheur, 2014), or renegotiate their significations (Amato, 2016). Plus, as Hall recalled (1981 [2010]), cultural production is impregnated with hegemonic and counter-hegemonic dynamics. Consequently, studying how popular culture and media perpetuate and sustain homonormativity, whose normalizing interests also draw on a political stance (Vanlee 2019), is, for example, as important as analyzing the underground movements which keep resisting incorporation into mainstream areas. In doing so, the term of “identity” should not be treated as an essentialist, stable and unaltered “oneness”, but as a “strategic and positional” concept, emerging within “the play of specific modalities of power” (Hall, 1996: 3-4). It is in that sense that activists, artists and other individuals gather around a collective identity that encompasses several demands, starting with the right to “live livable lives” (Butler, 2004) –an elementary claim in which lies the origin of their political dimension.
In the 1980s, Fillieule (1988) noticed the birth of media venues dedicated to “homosexual lifestyles, cultural characteristics or commercial services”, such as journals or pirate radios. Later, Eleftheriadis (2018) analyzed how the organizers and audience of queer festivals gather around an “anti-identity”. In the study of “new” social movements, all of these examples epitomize what Duyvendak terms “identity-oriented movements” (1996), for they blur the boundaries between their own means and goals. Yet, they also foster spaces of expression that could be observed in regard of their relationship with the public sphere. The well-known concept of “subaltern counter-public”, developed by Fraser designates “parallel discursive arenas where members of subordinated social groups invent and circulate counterdiscourses, which in turn permit them to formulate oppositional interpretations of their identities, interests, and needs” (Fraser, 1990: 70), and has largely circulated within the field of queer studies (see for instance Halberstam, 2005 or Muñoz, 1999). A few years after Fraser, in 1997, the geographer Gordon Brett Ingram coined the term “queerscape”. The concept designates an “aspect of the landscape” or a “social overlay” which “embod[ies] processes that counter those that directly harm, discount, isolate, ghettoize, and assimilate” sexual minorities (1997:40-41). Since Ingram’s “Marginality and the Landscapes of Erotic Alien(n)ations”, the “queerscape” has been adapted to numerous cultural activities and objects, such as film (Gras-Velazquez, 2012; Keshti, 2009; Kim, 2017; Leung, 2001; Marchetti 2017), music (Clifford Napoleone, 2015, 2016), or media (Schwartz, 2016). Such theoretical circulation shows how fiction also nurtures spaces of withdrawal, refuge or political action, that do note replace, but rather supplement local and virtual community gatherings.
Therefore, identity is also a matter of aesthetics. The concept of “Camp”, as theorized by Sontag (1964 [2018]) or Newton (1972), has served the theorization of LGBTQI cultural and political identities. Harvey, for instance, described Angels in America as a play that turns Camp into a “sign of gay resistance and solidarity” (1998: 256). He argued that, in Kushner’s writing, the concept “is invested with a political charge predicated upon an irreducible and subversive gay difference” (ibid.). Meanwhile, Le Talec considers that Camp, its theatricality, its humor, and foremost the sociabilities it enables, have played a “significant role in the fight against AIDS” (2008). In so doing, as Dyer writes, Camp illustrates how gay people “have sought to make some impression on the culture of the society they live in” (Dyer, 2002: 52). Claiming a camp sensibility has become part of a specific gay cultural identity, and is deemed to reflect a sense of marginality. However, the formation of such communities of taste often draws on the development of power relationships within LGBTI and queer communities, which inevitably lead to the reproduction of (il)legitimacy norms (Le Guern, 2007)… While other alternative, radical or marginalized aesthetics are canonized, and incorporated in academic research or mainstream industries (see Paudler, 2019; Shetina, 2018, amongst others).
In embodied art forms, the body of the artist also crystallizes political issues and emergencies, and channels both individual empowerment and collective emancipation. In this context, the praxis of creation draws on a history of struggles (Lebovici, 2017), and exemplifies the singular place that individuals may occupy in collective and artistic movements. Therefore, creative activities should also be analyzed as political strategies. Through the lenses of art and direct actions, personal trajectories merge with the community: Renate Lorenz’s research –but also her creations with Payline Boudry for N.O. Body (2008) –reveals the cross-fertilizations of art, science and activism, and explores new perspectives in the history of marginalized embodiments and their representations. Similarly, the concepts of “lineages” (Alfonsi, 2019) and “transhistorical queeriosity” (Villemur, 2007) open up new possibilities to understand the subjective and affective dynamics articulated in theoretical, visual or aural corpuses, on the one hand, and compose not just one, but a plurality of histories of representations, on the other hand.
The intertwinements, frictions and tensions between art creation, media and cultural production, mobilizations and collective identities in lesbian, gay, bisexual, trans, intersex or queer communities are multifold and reveal a myriad of questions, objects and events that could be analyzed. Therefore, article proposals may, for instance but not restrictively, tackle the themes and topics detailed below. Though we do not impose any geographical nor historical boundaries, we do nonetheless stress that we will pay special attention to proposals located at the crossroads of several disciplines and fields of research, amongst which sociology, cultural anthropology, aesthetics, art history, music and sound studies, cultural geography, media and information studies, or cultural studies. More specifically, we insist that analyzes shouldn’t separate art works, representations, media and cultural products from their contexts and modalities of production and/or reception.
In each case, it is also primordial not to turn a blind eye to gender, class, race, handicap or age power relationships, which also occur within LGBTI and queer movements and communities (Clay, 2017; Logie & Rwigema, 2014; Ukaegbu, 2007). We will particularly pay attention to proposals that rely on intersectional perspectives (Collins, 2016), and contributors are encouraged to study the ways in which LGBTI and queer collective identities interact with race, class or gender, in order reinforce power relationships or strengthen coalitions.
- Creation, Reception, Circulation and Activist Knowledge.
From mainstream TV shows, such as The L Word or Queer as Folk, to (underground) queer fanzines, theater pieces, movies, contemporary art exhibitions, records and concerts, novels, and so on, LGBTIQ collective identities are represented, disputed or constructed with the help of a wide array of art and cultural products that crystallize heterogeneous stakes. While some of them exert a normalizing power, others blur the boundaries between art and direct action. Reception is also informed by similar dynamics, as LGBTIQ fan activist communities mobilize for more or better LGBTIQ representation in media and cultural production. In between, professional and amateur creators appropriate, remake, hack or parody cultural content in order to queer it.
Some of these productions draw on collective work, others reflect the work of a single author. But all of them carry a specific point of view on LGBTIQ communities and their struggles, or echo community knowledge. Thereby, they reinforce dialogues between communities, artists, creators and their productions. How does analyzing the modalities of creation or reception shed a light on the dialogues and debates that (re)structure LGBTIQ collective identities? How are cultural (counter-)canons constituted, within underground communities, or through the circulation of LGBTIQ art and cultural production within mainstream institutions?
- Mediations and Media Coverage of LGBTIQ Struggles
Just like the history of ACT-UP Paris, depicted in the movie 120 Beats per Minute, some LGBTIQ struggles have been mediated. Meanwhile, the art and cultural productions of LGBTIQ communities are sometimes designated as communal heritage. If media and cultural productions are at stake in LGBTIQ struggles and collective actions, their mediations and mediating devices outline the modalities of transmission and circulation of ideas, objects and practices within LGBTIQ communities and beyond, thereby serving a variety of institutional, sub-or counter-cultural interests. Which moments of LGBTIQ struggles are represented, emphasized or overlooked in art, media or cultural productions? And how do the diffusion or consumption devices also reflect identity issues or community interests?
- Embodying LGBTIQ Cultures and Struggles
LGBTIQ bodies of the past and their representations sometimes find echo in contemporary collective mobilizations. As such, prospective authors are invited to develop alternative or critical art histories and epistemologies. Emancipatory approaches of art history, as they shed a light on marginalized practices and art forms, and actualize (or (re)activate) bodies of work through the lens of recent theories on gender and sexuality, induce political challenges for activists, artists, researchers and their institutions alike. What is at stake in these approaches? How do researchers engage with them?
The process of forming and articulating coherent corpuses highlights the ways in which practices, testimonies, images, texts, and more generally creations are related, in their original context or in later (affective) readings, to LGBTIQ struggles and cultures. Prospective authors may therefore reflect and analyze the ways in which bodies of art, texts, sounds, and so on, are composed or articulated in LGBTIQ studies.
Yet, “embodying LGBTIQ cultures and struggles” may also refer to the ways in which artists address political issues through their own bodies, for instance during public performances or happenings. Therefore, we invite prospective authors to question the boundaries between art and activism, including, potentially, in their own engagements with research creation.
Submit an Abstract:
Articles proposals of approximately 500 words should comprise a title, a presentation of the article, its objects and methods, as well as the author’s first name and surname, their status, academic institution and email address. Proposals should be sent by March 15, 2021, to both special issue editors, Louise Barrière ( louise.barriere@univ-lorraine.fr ) and Mélodie Marull ( melodie.marull@univ-lorraine.fr ), and to the editorial board of the journal ( revuegss@gmail.com ).
Authors will be advised by email by April 15 if their proposal has been accepted or not. Original articles (35.000 to 60.000 characters) will then have to be sent no later than September 1, 2021. Authors’ guidelines are available online: https://journals.openedition.org/gss/747. Each article will be evaluated by double blind peer-review. The acceptance of an article proposal does not automatically lead to the acceptance of the article. Selected articles will be published in issue 23 of Genre, Sexualité & Société, in Spring 2022. Articles in English will be translated into French.
Références/References :
Alexander, Jonathan (1999). “Beyond Identity: Queer values and community”, International Journal of Sexuality and Gender Studies, 4(4), p. 293-314.
Alfonsi, Isabelle (2019). Pour une Esthétique de l’émancipation, Paris, B42.
Almar, Nathalie, Cantacuzène, Roger, et Lefaucheur, Nadine (2014). Pratiques culturelles, production des identités et questionnement des frontières de genre. In : Sylvie Octobre (dir.), Questions de genre, questions de culture. Paris, Ministère de la Culture –DEPS.
Amato, Viola (2016). Intersex Narratives : Shifts in the Representation of Intersex Lives in North American Literature and Popular Culture. Bielefeld, Transcript Verlag.
Butler, Judith (2005). Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion. Paris, La Découverte.
Butler, Judith (2017). Défaire le genre. Paris, Éditions Amsterdam.
Cervulle, Maxime, Quemener, Nelly et Vörös, Florian (dirs.). Matérialismes, culture & communication. T. 2. Cultural Studies, théories féministes et décoloniales. Paris, Presses des Mines, coll. Matérialismes.
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