Du singulier au collectif : construction(s) discursive(s) de l’identité collective dans les débats publics
Les articles réunis dans ce volume explorent les interactions d’instances singulières et collectives dans un corpus de discours construisant une identité collective (celle d’un groupe, d’un mouvement, d’un parti, etc.). Refusant la vision dichotomique qui sépare les notions de singulier et de collectif, ainsi que les dimensions de l’individuel et du social, le volume souligne et analyse à dessein leur interdépendance foncière. L’observation des dispositifs énonciatifs et des enjeux argumentatifs de la construction des identités singulières et collectives porte sur des genres discursifs variés, du discours institutionnel, plutôt normé et prévisible, jusqu’à des genres moins contraignants issus de la société civile (chartes de mouvements associatifs, récits, guides touristiques, sketchs comiques, tracts, pétitions, correspondance privée, etc.). L’analyse mobilise et réinterroge ainsi plusieurs notions clés de la rhétorique, de l’argumentation et de l’analyse du discours, telles que l’ethos (individuel et collectif), l’auditoire réel ou imaginaire, le point de vue, le stéréotype, le genre et la mémoire discursive collective, la temporalité dans l’argumentation (références au « précédent » ou aux exemples historiques, mais aussi à une identité présente, éphémère et transitoire). Les articles révèlent enfin l’importance d’un couple notionnel inédit, formé par un « je initiateur », fondateur d’une collectivité encore inexistante, et par un « locuteur collectif », porte-parole d’une collectivité déjà existante. Du singulier au collectif explore donc quelques-uns des constituants fondamentaux de l’énonciation : la prise de parole individuelle du sujet ou l’intersubjectivité et la co-énonciation, la « sur » ou la « sous-énonciation », l’attribution et l’analyse d’un trait énonciatif spécifique, la responsabilité individuelle et/ou collective liant l’énonciation à l’action.