Directeur de communication
Les années quatre-vingt ont vu l'émergence des directeurs de communication, dont l'abréviation « dircom » s'est généralisée. Portés par une idéologie moderniste et soucieux d'éthique, ils ambitionnent de construire et gérer l'image de l'entreprise, de maîtriser l'ensemble des actions communicationnelles. Ces cadres dirigeants, très en vue, formeraient une « profession » d'apparition récente.
Mais les dircoms constituent-ils un groupe sans histoire ? Les « relations publiques » revendiquent une antériorité dans le domaine, les journalistes dénoncent leur prétention à régenter l'information, et les DRH estiment leur avoir leur mot à dire dans la communication interne… De plus, à l'examen de plusieurs enquêtes, la configuration du groupe est floue. Ainsi, loin d'être homogène et pacifié, le monde des dirigeants de la communication est-il composé de segments en compétition.
L'auteur analyse comment les collectifs professionnels produisent différents modèles de compétence. L'attention portée à leur valorisation et à leurs avatars, qui sont autant de mises en ordre dans une fonction complexe, permet d'expliquer des conflits de légitimité liés à la concurrence entre experts, à des facteurs socio-économiques et à l'évolution des médias. Cette approche permet aussi de comprendre le rapport paradoxal entre la permanence de l'activité et le discours qui présente celle des dircoms comme nouvelle.