Questions de communication, 18 : "Les non-usagers des TIC"
Dans la montée en puissance de l'usage des technologies de l'information et de la communication (TIC), les non-usagers constituent plus qu’une anomalie, en particulier lorsqu’il s’agit de l’internet. Des études récentes montrent l’existence d’un « effet plateau », c’est-à-dire d’un net ralentissement de la croissance des internautes depuis 2002 dans les pays développés, voire d’une stagnation de la proportion des non-usagers de l’internet d’une année à l’autre. Et si ce taux témoigne de la présence d’une frange d’irréductibles, on sait aussi que ces non-usagers peuvent, à plus ou moins long terme, devenir des usagers. A contrario, on sait aussi que des usagers peuvent, à un titre ou un autre, momentanément ou régulièrement, devenir des non-usagers. Dans la littérature scientifique – francophone ou anglo-saxonne – la question des non-usages est rarement posée comme une problématique en tant que telle. Elle y est abordée comme un cas particulier d’usage si ce n’est, la plupart du temps, comme un défaut d’usage. Or, la question du non-usage est suffisamment complexe pour justifier qu’on la traite en tant que telle.
L’une des interrogations consiste donc à savoir, alors que la généralisation des connexions à l’internet est effective dans les pays occidentaux, quelles sont les motivations et facteurs qui expliquent la persistance des non-usages. On montrera ici qu’être non-usager témoigne parfois d’un positionnement (refus de la modernité et de la suprématie des technologies, résistance-s au changement…) qui relève d’un choix délibéré, affirmé ou revendiqué (position de principe). Toutefois, on verra aussi l’émergence de facteurs qui complexifient la cartographie et le rapport entre usages et non-usages.