Verre et création artistique en France, 1950-2010
Le verre est encore un matériau à découvrir à la fois dans sa pratique et son histoire. Sa chronique est complexe. Elle suppose une multitude d’acteurs, de situations et de concepts qui s’entrecroisent, interfèrent, s’agrègent et quelquefois se contredisent. Les objets réalisés couvrent un large champ d’application et sont voués à des usages et des destinations très différentes entre l’art pur et la fonctionnalité revendiquée d’une large gamme de produits. Cette diversité fait la richesse du verre, mais en brouille également la perception.
En 1956, en installant une verrerie à Biot en et en défendant l’idée que le métier peut se vivre en dehors des grandes cristalleries, Éloi Monod bouleverse le paysage d’une création verrière qui depuis 1945, en France, ne se conçoit plus qu’à travers quelques puissantes manufactures. La notion d’artisanat qui va de pair avec une certaine idée de la tradition, la fabrication en petite série ou encore la marque de la main deviennent les nouvelles valeurs et l’alternative crédible à la production des grandes maisons que sont Baccarat, Saint-Louis ou Daum. Inspirés par ce modèle, et par une certaine effervescence nationale et internationale, quelques passionnés – Claude Morin, Alain Begou, Claude et Isabelle Monod, Véronique Monod, Jean-Claude Novaro entre autres – vont tenter d’apporter un regard neuf sur la matière par un travail du verre libéré de ses contraintes industrielles. La poursuite de cette singulière aventure, qui intègre rapidement des personnalités étrangères voit la diffusion des œuvres dans des galeries dédiées, la création de revues spécialisées comme la fondation de structures spécifiques consacrées à la conservation, la recherche ou encore la formation. Tout se met en place pour que le verre redevienne le matériau artistique majeur qu’il a été jusqu’au début du XXe siècle.
