Évaluation des effets multiples (environnementaux et sociétaux) de la contamination des écosystèmes aquatiques par les PESTicides : le cas d’un site pilote INTERdisciplinaire (la Cleurie, Vosges)
Ce projet vise à évaluer les effets multiples (environnementaux et sociétaux) de la contamination des écosystèmes aquatiques par les pesticides, dans le cadre d’un site pilote interdisciplinaire en cours de mise en place : la Cleurie. Nos objectifs sont de caractériser : (1) la pression toxique in situ ainsi que (2) ses effets sur des organismes témoins de la qualité de l’eau (les communautés microbiennes benthiques des biofilms), mais également (3) la circulation des savoirs scientifiques produits entre les différents acteurs impliqués localement.
Pour ce faire, le Consortium international (10 partenaires français et québécois) proposé réunit des expertises reconnues et complémentaires dans le domaine des sciences de l’environnement (microbiologie, géographie, chimie et sociologie) qui permettront de développer une approche intégrative de la santé des écosystèmes aquatiques soumis aux pesticides. Cette approche se base sur l’utilisation de descripteurs globaux de la qualité physicochimique (empreinte chimique) et biologique (diversité, tolérance, déformations, qualité nutritive des biofilms) de l’eau qui serviront de support de communication scientifique sur la question de la toxicité des pesticides, dans un contexte de controverse environnementale médiatisée notamment du fait de la présence du glyphosate. La question de la recomposition des interactions, des échanges entre les acteurs et des processus de vulgarisation, médiation, publicisation et médiatisation des savoirs scientifiques sur les contaminants est au cœur du questionnement que nous souhaitons explorer ici.
Le projet Pestinter s’articule autour de trois actions complémentaires :
Action 1 : une approche in situ consistera à tester des indicateurs innovants dans le cadre d’un suivi de la contamination de la Cleurie sur un cycle annuel le long du linéaire. Les objectifs sont de caractériser le gradient de contamination (empreinte chimique par spectrométrie et captage intégratif passif), ses effets sur les biofilms (acquisition de tolérance au glyphosate, déformations) et les conséquences potentielles sur le fonctionnement écosystémique (qualité nutritionnelle).
Action 2 : une approche de laboratoire sera mise en œuvre en réalisant des tests écotoxicologiques à différents niveaux d’intégration biologique (espèces de diatomées, communautés simplifiées) en conditions contrôlées (rivières artificielles, expositions prolongées) afin de valider les indicateurs globaux pertinents pour le suivi d’une contamination complexe par les pesticides.
Action 3 (Crem) : une approche de sociologie permettra de déterminer des marqueurs pour suivre la circulation des informations scientifiques entre acteurs locaux touchés par cette contamination (pouvoirs publics, associations, industriels...). Les objectifs sont de constituer un corpus de presse/médias pour analyser la médiatisation de la contamination, et également de mobiliser une méthodologie d’enquête qualitative (recueil de discours) en cherchant à interroger l’ensemble des acteurs.
image source : Fabian Reitmeier, Photographie Timelapse Des Chutes Près Des Arbres, pexels.com.