Les Cahiers du numérique, 15 (3) : « Récits en mouvement et journalisme numérique »
Ce dossier porte principalement sur l’étude de la production, de la scénarisation et de la mise en circulation de l’information d’actualité produite par et sur les mouvements sociaux. Il fait état de travaux empiriques menés sur plusieurs continents au cours de ces trois dernières années car, partout sur la planète, on constate une multiplication et une visibilité sans précédent des mouvements sociaux dans les médias.
En plus des médias dits traditionnels, les plateformes numériques participatives (blogs et réseaux sociaux) jouent un rôle déterminant dans l’amplification de la résonance de ces mouvements. L’information les concernant n’est pas simplement mise en circulation par des professionnels du journalisme et des leaders d’opinion identifiés par le plus grand nombre, mais aussi co-produite par le citoyen ordinaire. Ainsi, sur ces plateformes numériques, les chercheurs constatent-ils le rôle croissant des diasporas transfrontières, la perte d’influence des corps intermédiaires tels les journalistes, la mise en place de nouvelles formes de solidarités à distance et de réflexivité collective ou encore la délégitimation quasi systématique des institutions en place et la transformation des réseaux sociaux en arènes de conflits.
Pour autant, les médias d’actualité semblent toujours être influents dans la formation des opinions et jugements portant sur les mobilisations sociales. Il apparaît aussi que la couverture de celles-ci nécessite une prise en compte affinée des revendications, des terrains et de ses acteurs, une préoccupation portée notamment par le slow journalism et le journalisme d’investigation. Nous préférons évoquer une « confluence », c’est-à-dire une interaction en perpétuel mouvement entre les médias dits « de masse » et les réseaux socionumériques. De fait, cette confluence médiatique entremêle des informations produites à des échelles variables : locale, régionale, nationale, voire internationale.
Ce dossier questionne enfin les enjeux de la transnationalisation des récits. Comment un problème public national peut-il « migrer » vers d’autres espaces publics nationaux, voire devenir un problème public transnational ? Quel est le rôle joué par les diasporas et publics transfrontières ? Quels sont les anciens et nouveaux outils de communication à distance entre ces publics et comment se forment les usages de ces outils ?