Les Médias et le conflit israélo-palestinien
Lors d’un entretien avec Béatrice Fleury et Jacques Walter, Daniel Dayan – directeur de recherche au CNRS et sociologue des médias –, suggère que les journalistes français auraient usé d’un parti pris pro-palestinien pour traiter de la seconde Intifada. Selon lui, aucun doute, cette intentionnalité est attestée par la mise en évidence de récurrences langagières et de logiques argumentatives, désignées par le vocable « leitmotivs lexicaux », qui constitueraient une "novlangue" propre au conflit. Pour lui répondre, plusieurs contributeurs – de nationalités différentes et/ou spécialistes de zones géographiques et d’influences spécifiques – ont été sollicités. Qu’ils soient américanistes, chercheurs en sciences de l’information et de la communication, linguistes, sociologues, tous nuancent la position de Daniel Dayan et mettent en évidence en quoi et selon quelles modalités la diversité des contraintes pesant sur les journalistes empêche de considérer les contenus médiatiques comme la seule résultante d’un cadrage idéologique.
Dans la première section, "Haro sur les médias ?", Patrick Charaudeau, Roselyne Koren, Marc Lits et Jérôme Bourdon se penchent sur les problèmes que peut poser une démarche arrimée à une perspective critique. Dans la deuxième, "Journalistes sous influences", Patrick Champagne, Arnaud Mercier, Michael Palmer, Jean-François Tétu, Laurent Perrin et Laurianne Perbost mettent les hypothèses de Daniel Dayan à l’épreuve en montrant la pluralité des facteurs qui influent sur le travail des journalistes et qui relativisent les positions tranchées portées à leur endroit. Dans la troisième, "Regards croisés", la focale se déplace. Rendant compte d’autres modes de fonctionnement médiatique, Divina Frau-Meigs, Estrella Israel-Garzón, Gregory Kent, Jerry Palmer, Claire-Gabrielle Talon et Catherine Saouter exposent la nature des ressorts culturels qui sont au fondement des choix éditoriaux. C’est donc la diversité qui est ici privilégiée, et plus spécialement celle qui voit les points de vue (disciplinaires, contextuels…) se compléter.