Questions de communication, 20 : "Évoquer la mort"
« Évoquer la mort » relève d'une problématique relativement différente de celle qui sous-tendait la livraison précédente, laquelle s'intéressait aux moyens utilisés pour « annoncer la mort » et à leurs enjeux. En effet, il s'agit encore, dans cette livraison comme dans la précédente, de dire et de montrer la mort, mais ce n’est souvent pas le cadrage principal donné à l’événement : ici, l’objet essentiel est d’expliquer la survenue du décès en tentant d’en circonscrire les raisons. Si l’on voit dans la mort un processus biologique de disparition naturelle et inéluctable d’un organisme vivant, cela peut sembler avoir un côté absurde. Cependant, l’évocation de la mort porte précisément sur des morts dont la manifestation paraît souvent dérangeante, voire scandaleuse, dans la mesure où ces morts-là donnent l’impression de pouvoir être évitées, comme dans le cas des conflits individuels, familiaux ou collectifs, ou encore dans des décès où le processus de la mort a pu être modifié en fonction d’une intervention humaine, comme dans les cas d’euthanasie, de suicide... En d’autres termes, évoquer la mort, c’est tenter d’évoquer la part de la responsabilité humaine, personnelle ou collective dans le déroulement d’un processus qui est certes un terme inéluctable mais que l’action humaine peut rendre plus ou moins proche, plus ou moins douloureux, plus ou moins (in)acceptable.