Faire dire pour décrire
Le présent travail prend le parti d’envisager la caractérisation langagière des personnages comme procédant en premier lieu non pas des intentions esthétiques singulières d’un auteur, mais d’une poétique du récit ; en d’autres termes, il s’agit d’un mécanisme du texte narratif, dont certaines constantes peuvent être décrites.
L’analyse menée dans ces pages montre que les conditions qui doivent être réunies pour que certains aspects des discours rapportés fassent sens en tant qu’éléments de caractérisation sont tant textuelles que contextuelles. Par sa nature indirecte, ce phénomène prend en effet appui sur des éléments contextuels que le texte convoque et qui sous-tendent les inférences permettant de (re)construire ce qui est dit "sans être dit", éléments dont il faut alors rendre compte. Mais il importe également de considérer la caractérisation langagière comme un effet de la textualité, car sa manifestation demande notamment qu’une série de traits s’organisent en un réseau isotope afin de produire un effet de sens homogène, et cela de la réplique isolée au texte entier ; qui plus est, la caractérisation dérive encore des relations de contraste que le discours d’un personnage entretient avec des discours avoisinants, en premier lieu celui du narrateur.