[Distanciel] Raconter « son » 13-Novembre. Approches locales d'un événement national

Cette journée d’étude est organisée dans le cadre du projet Terr-Est. Témoignages, terrorisme et région Grand Est (CPER Ariane, 2020-2022), en partenariat avec le programme 13-Novembre (CNRS, Inserm, Hesam Université). La journée a pour objectif de proposer une première approche, transdisciplinaire, du corpus de témoignages collectés à Metz en 2016 par le Crem dans le cadre de l’Étude 1000.
Le projet Terr-Est interroge les mécanismes par lesquels l’opinion publique se forge et se transforme au contact d’événements meurtriers qui frappent un territoire national et le marquent durablement. Son objectif est d’étudier la construction des représentations liées aux attentats qui se sont succédés en France depuis 2015, en travaillant sur la manière dont ces représentations ont émergé et évolué dans l’espace public, et en prenant plus spécifiquement pour focale le niveau régional.
Les 79 témoignages recueillis à l’Université de Lorraine quelques mois après les attentats du 13 novembre 2015 constitueront l’objet d’étude commun de cette journée qui, à l’articulation du national et du local, de l’individuel et du collectif, examinera la manière dont chacun·e a vécu « son » 13-Novembre, dont chacun·e le raconte, et ce que chacun·e en retient.

La réflexion se développera selon trois axes :

1. Le rapport aux événements : comment les attentats du 13 novembre 2015 à Paris ont-ils été vécus et perçus par les habitant·es de la Région Grand-Est et particulièrement de l’agglomération messine ? Comment la violence terroriste a-t-elle été appréhendée à distance de son épicentre – par quels médias, selon quelles modalités, et pour quels effets ? Peut-on faire l’hypothèse que certain·es se soient senti·es plus particulièrement concerné·es par ce qui arrivait, et quelles formes a alors pris la sidération ?
    
2. Le récit des événements : à quels types de mises en récit ces attentats ont-ils donné lieu de la part de personnes qui n’en furent pas directement « victimes » mais qui, en tant que citoyen·nes affecté·es, ont été appelé·es, six mois après les faits, à produire une narration les concernant ? Quelles émotions affleurent plus particulièrement dans leurs témoignages, et quel(s) rôle(s) celles-ci jouent-elles dans l’interprétation des événements que ces témoins « à distance » ont pu produire ?
    
3. La mémoire des événements : quels éléments les personnes interrogées ont-elles retenus et lesquels ont-elles laissé de côté, et quelles sont les raisons de cette saillance et de ces effets d’occultation ? Quelles sont les interprétations dominantes des événements, d’un point de vue géopolitique et historique ?

Quelles valeurs émergent plus spécifiquement de ces témoignages, et que révèlent-elles de ce qu’Émile Durkheim appelait la « sensibilité morale » d’une société ? Enfin, le rapport aux événements et à leur mémoire connaît-il des inflexions caractéristiques selon l’âge ou le genre de celui ou celle qu’ils affectent ?
C’est à ces questions, et à d’autres encore, que les chercheur·es issu·es de différentes disciplines (analyse du discours, linguistique, sciences de l’information et de la communication, narratologie, sociologie) qui viendront présenter leurs premières analyses du corpus tâcheront de répondre, en croisant leurs points de vue et en faisant dialoguer leurs méthodes.

En raison de la situation sanitaire, la journée d’étude se tiendra intégralement en distanciel.

Celles et ceux qui voudraient assister à cette journée devront préalablement envoyer un mail à crem-contact[at]univ-lorraine.fr

Contacts :
Charlotte Lacoste : charlotte.lacoste[at]univ-lorraine.fr
Annabelle Seoane : annabelle.seoane[at]univ-lorraine.fr