Attention, une personne peut en cacher une autre…

8 H 45 - accueil

9 H 30    Ouverture et présentation de la journée ainsi que de la revue
Anne Cordier, Université de Lorraine, Crem 
Charlotte Lacoste, Université de Lorraine, Crem 
Isabelle Monin, Université de Bourgogne-Europe, CPTC

9 H 45    « Mon nom est … »
Dominique Maingueneau, Sorbonne Université
Modération : Sylvie Freyermuth, Université du Luxembourg

Communications

Discutante : Sylvie Freyermuth, Université du Luxembourg

10 H 45    Le pouvoir performatif de la non-personne et de l’effacement énonciatif dans le rapport d’information parlementaire
Sophie Anquetil, Université de Limoges, CeReS

• Selon les théories classiques de l’énonciation, la performativité se construit autour d’un sujet parlant unique et indivisible. Notre recherche se propose de montrer que, dans le cas du rapport d’information parlementaire, le sujet écrivant doit au contraire se dédoubler entre « sujet acteur » et « sujet porteur de voix » pour être opérant. S’orchestre une polyphonie où sa propre subjectivité s’efface au profit d’instances énonciatives multiples. L’analyse de notre corpus (2024) vise à typologiser ces stratégies énonciatives qui caractérisent la performativité institutionnelle.

11 H 15    « C’est à vous que je parle ma sœur ». De l’ambiguïté référentielle au trope communicationnel 
Anna Jaubert, Université Côte d’Azur, BCL

• Les interactants de la communication ont pour nom « je » et « vous/tu ». Mais justement ces « noms » personnels ne suffisent pas à identifier les personnes, et leur inachèvement référentiel ne se résout que par la connaissance complète de leur situation d’énonciation. Ce jeu en langue, au sens mécanique se prête à toutes sortes de jeux en discours, au sens ludique, au service d’enjeux aussi bien spécifiques que génériques. Les fictions littéraires, et notamment le théâtre, offrent des illustrations spectaculaires de cette continuité entre l’analyse énonciative et la pragmatique.

11 H 45 - pause

Discutant : Mustapha Krazem, Université de Lorraine, Crem

12 H 00    Qui dit « ego » ? La fausse transparence du Je 
Emmanuelle Prak-Derrington, ENS Lyon, Icar

• « Est ego qui dit ego », nous dit Benveniste (1966, p. 260). La première personne (P1) est indissociable de la question « Qui parle ? » et doit être analysée à la lumière de la polyphonie énonciative. Je reviendrai sur le lien faussement transparent entre je et le locuteur ou la locutrice et mettrai en avant une dualité constitutive, qui fait de Je le premier marqueur de la non-univocité du sujet parlant. J’explorerai la part délocutive du je à travers deux de ses usages génériques : dans le discours philosophique et dans les énoncés de l’espace public.

12 H 30    Le jeu énonciatif du je dans le récit mémoriel 
Nesrine Raissi, Université de Montpellier Paul-Valéry, Praxiling et Université de Bourgogne-Europe, CPTC

• Lorsque le témoin historique mobilise la parole pour raconter son vécu, il utilise les marques de la première personne du singulier je. Cette étude a pour ambition d’analyser, d’un point de vue énonciatif, le rôle du pronom je, et d’identifier les voix portées par ce dernier. Dans cette perspective, nous avons traité, à l’aide du logiciel TXM, une série d’entretiens de réfugiés espagnols et de déportés juifs internés au camp de Rivesaltes entre 1941 et 1942. Cette approche a montré que le je des témoins est soit individuel (souvenirs personnels), soit collectif (réalité commune).

13 H 00 - pause déjeuner

Discutante : Romane Peignier, Université de Lorraine, Crem

14 H 15    Personne et personnage dans les discours publics : de la mise en voix à la mise en scène 
Dubravka Saulan, Université de Bourgogne-Europe, CPTC

• Nous partons à la recherche de procédés de construction discursive en prenant deux exemples formellement éloignés l’un de l’autre. Allant des supports de type affiches vers les discours plus ou moins figés (annonces vocales à bord des avions), nous examinons la mise en voix, la mise en espace et la mise en scène de la personne. Ainsi, la notion de sujet (parlant) est-elle abordée en tant qu’entité complémentaire à la personne. Les deux exemples de discours formellement disparates montreront que c’est en la représentation de la personne qu’est construite une certaine régularité interprétative.

14 H 45    « Mon nom est Kin » : un employé peut en cacher un autre  
Isabelle Morillon, Université de Bourgogne-Europe, CPTC

• Cette contribution s’intéresse à la notion récente de « collègue IA » et aux stratégies discursives de brouillage entre employé « digital » et employé humain. Comment la distinction entre humain et non humain se traduit-elle dans les discours sur le collègue IA ? Un site vitrine de solutions en intelligence artificielle servira de base à cette étude. Le terme Kin, servira de point central. À la frontière entre ethos managérial, scientifique, mais aussi science-fictionnel, le discours sur le collègue IA se veut polymorphe pour convaincre les parties prenantes et susciter l’adhésion du public.

15 H 15    On a mille visages : un pronom mal-aimé au don d’ambiguïté ?   
Isabelle Monin, Université de Bourgogne-Europe, CPTC

• On est souvent mal considéré dans les milieux scolaires, où il est jugé familier ou vague. Les grammairiens ont hésité entre la catégorie des pronoms ou des noms, en raison de son instabilité grammaticale. On bascule finalement du côté des pronoms indéfinis, avec une multitude de valeurs et de nuances qui lui permettent de désigner des référents multiples. Cette communication explore la plasticité de on dans les bulletins scolaires, comparés à d’autres genres, et se focalisera sur sa capacité à établir une connivence et surtout une distanciation référentielle paradoxale avec les destinataires.

15 H 45 - pause

Discutant : Damien Deias, Université de Lorraine, Crem

16 H 00    Les révélations du pseudonyme dans les jeux vidéo : l’exemple de World of Warcraft 
Romane Peignier, Université de Lorraine, Crem

• Dans certains jeux vidéo Role Playing Game et Massively Multiplayer Online Role Playing Game, la création d’avatar est indispensable pour démarrer l’aventure. Elle passe par une customisation du corps physique du personnage (coiffure, etc.), d’une sélection de la classe (mage, guerrier, etc.) et de la création néologique et artistique (Baudelle, 1995) du nom de l’avatar (Bendref et Bendjilali, 2021). Nous étudions donc, morphologiquement, les pseudonymes  du jeu vidéo World of Warcraft, motivée par le scénario du jeu vidéo et par une certaine analogie tantôt culturelle, tantôt inconnue.

16 H 30    La dimension modale du sujet dans les phénomènes de dissimulation discursive  
Nathan Welter, Université de Lorraine, Crem

• La communication humaine ne se limite pas à transmettre de l’information ; elle vise aussi à négocier l’identité à travers des stratégies de dissimulation. L’objectif de cette communication est d’analyser comment la modalisation du discours permet au locuteur de masquer son identité. En mobilisant les travaux de Bally (1944), Gosselin (2010, 2015, 2017), Benveniste (1966) et Maingueneau (2012), nous tâcherons de faire tomber le masque que peut prendre le locuteur et d’explorer la frontière entre subjectivité et neutralité, révélant le rôle clé du sujet modal dans la recomposition identitaire.

17 H 00    Le silence comme stratégie discursive : dissimulations et résistances chez les victimes de violences conjugales   
Samira Messaoudi, Université de Lorraine, Crem

• À travers la métaphore de l’Outis d’Ulysse, cette communication explore comment les victimes de violences conjugales utilisent le silence et la dissimulation comme des stratégies de survie. Ces mécanismes permettent de préserver un contrôle sur leur récit face à un environnement hostile. Bien qu’elles cachent leur souffrance, ces stratégies deviennent, avec le temps, des actes de résistance. Le processus de réappropriation de la parole est ainsi un parcours difficile menant à la reconstruction de soi et à la reconquête de l’autonomie