[ANNULÉ] Séminaire Pixel : Comment vivre ensemble dans un environnement « intelligent »
Centre de recherches sur les médiations, Crem (équipe Pixel)
Attention : ce séminaire est annulé et reporté sur le programme de 2024/2025
Intervenant :
- Franck Debos, Université de Nice-Côte d'Azur : Comment vivre ensemble dans un environnement « intelligent »
L'IA est l'un des enjeux majeurs de l'ère des technologies convergentes avec de profondes implications dans tous les domaines. De fait, ses applications occupent une place de plus en plus considérable dans notre vie quotidienne et emmènent de nombreux questionnements éthiques. Il est donc primordial d’observer et d’anticiper ses impacts dans nos échanges interpersonnels, inter et intra groupe et notamment dans un contexte d'accélération de l'urbanisation mondiale qui devrait atteindre 70% à l'horizon 2050 pour 50% actuellement. Pour la majorité d’entre nous, vivre avec les IA renvoi à la robotique comme le montre l’imaginaire visuel illustré par des banques d’images présentant des relations avec des robots plutôt humanoïdes ayant une apparence identique froide et blanche. Or dans notre quotidien, les IA sont plutôt des IA algorithmiques intégrées dans l’écosystème de nos réseaux et nos systèmes d’information que des IA mécaniques associées à l’IOT. Elles sont de ce fait intimement liées à notre vie, nos échanges avec de fortes incidences sur nos usages, nos rapports avec l’autre et nos décisions.
Les IA sont censées nous assister, nous corriger, nous libérer de tâches ingrates en bref, nous simplifier la vie et nous permettre de profiter pleinement de notre existence au plan personnel comme professionnel, mais est-ce vraiment le cas. Dans nos environnements dit de plus en plus « intelligents », pour plus d’efficacité et de performance justifiée par le biais d’une éthique « conséquentialiste », l’intégration de l’IA ne risque telle pas de se traduire par une standardisation des comportements, une réduction des spécificités socio-culturelles tel que l’illustre un appauvrissement linguistique ?
Nos propos peuvent être illustré par le concept de smart city qui représente un environnement urbain utilisant fortement les IA et qui est censé permettre aux citoyens une plus grande qualité de vie et un meilleur « vivre ensemble ». Or, les villes et territoires qui se considèrent ainsi présentent un ensemble d’innovations plutôt opportunistes ne suivant pas un schéma directeur cohérent et de fait suscitant peu d’enthousiasme chez leurs habitants. De plus, tel que l’on peut l’observer dans les salons et poussé par les géants du numérique, la tendance dominante au niveau des smart cities est celle d’une ville robotisée en pilotage automatique, truffée de capteurs, de plateformes logicielles de computing qui devraient de plus en plus être dotées « d’intelligence autonome ». Ce modèle d’environnement « intelligent » propose un écosystème sociologiquement déshumanisé centré sur le contrôle et le conditionnement de ses habitants. Il importe de ce fait de réfléchir sur une autre vision de la smart city (actuellement minoritaire) dans laquelle l’IA permet de mettre en place un territoire non seulement plus égalitaire, inclusif et équitable partageant l’ensemble des innovations avec tous les citoyens mais aussi plus à l’écoute de ses derniers, développant chaque projet de modernisation dans une logique collaborative au sein de laquelle la Cocréation est très présente.
Discutants :
- Horea Mihai Badau