Questions de communication, 4 : " Interculturalités "
Ce dossier sur le thème de l’interculturel regroupe plusieurs contributions émanant de chercheurs issus de spécialisations différentes (sciences de l’information et de la communication, histoire, sociologie, littérature, cinéma, etc.) et d’horizons géographiques divers (Allemagne, Espagne, États-Unis, France, Grèce, Pologne). C’est que ce champ, en terme de recherches et d’enseignement universitaire en Europe et dans le monde occidental, s’est fortement développé depuis 1980, au sein de disciplines multiples dont elle est, en partie, issue. Comme le précise Jacques Demorgon, bien que l’interculturel ait « toujours fait partie de la condition humaine, sa mise en perspective […] est [si] récente », qu’elle offre un grand nombre de définitions et par conséquent d’auteurs, de travaux et de publications, l’objet étudié – la culture – demeurant tout aussi vaste. Aussi, l’interculturalité peut-elle être comparée à un immense chantier en constante construction, où chacun – scientifique ou non – peut apporter sa contribution. Pour illustration, une des dernières livraisons de Communication et Organisation (2002) porte sur ce thème et plusieurs auteurs abordent, à leur tour, la complexité et la diversité du champ. Si Dominique Desjeux (2002 : 88 ; 95) y note que : « la culture est à la fois une structure et une dynamique […] qui rend son analyse et son observation […] difficile, […] et qu’elle peut être autant une clé pour mieux fonctionner avec l’autre qu’un moyen de le nier », nous soulignerons que la culture fait partie intégrante de l’être humain et des affiliations auxquelles il est relié, de gré ou non (noyau et histoire familiaux ; milieux scolaires, professionnels, militants, associatifs ; lieux de vie, géographique, historique, politique, etc.). Pour autre preuve des enjeux de la thématique, on notera la publication de la revue trimestrielle En temps réel (2003), qui a choisi pour sujet « L’exception culturelle » et qui affiche, sous la plume de Jean-Michel Baer, son inquiétude face à la sauvegarde du pluralisme et de la création indépendante. Craintes que Jacques Demorgon avait déjà anticipées dans L’interculturation du Monde (2000) et reprend dans ce dossier.
2Ceci légitime le titre choisi ici – « Interculturalités » – puisqu’il montre l’intérêt des discussions autour des cultures et/ou des inter-culturalités, le pluriel évoquant, au fond, l’impossibilité d’aborder la thématique au singulier. Enfin, en ayant croisé les méthodologies, les perspectives, les regards, les disciplines et les origines – au sens large – des auteurs, nous pensons avoir répondu à l’appel lancé par Yves Winkin (2002, in : Nowicki, 2002 : 63) qui souhaitait au moins l’alliance de la communication avec l’anthropologie pour renforcer le domaine ainsi que l’arrivée de jeunes chercheurs osant s’imposer.