Questions de communication, 22 : « Patrimonialiser les musiques populaires et actuelles »

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Revue
Sous-titre
Patrimonialiser les musiques populaires et actuelles
Auteur.e.s
Philippe Le Guern (éd)
Numéro
22
Editeur
PUN - Presses universitaires de Nancy
Résumé

Que Karl Marx me pardonne, mais il se pourrait bien qu'« un spectre hante le rock »… Le spectre du rock qui n’en finit pas de hanter le rock lui-même, quelque chose d’équivalent à ce que Simon Reynolds (2012) a appelé en une formule saisissante « l’empire du rétro » à propos de la pop actuelle, et qui le conduisit même à supplier qu’on laissât enfin Kurt Cobain reposer en paix, tant il est clair que le désir mortifère qui sous-tend la compulsion rétromaniaque est à l’exact opposé de la pulsion de vie – et de transgression – sur laquelle le rock a construit sa légende et sa puissance de contamination sociale.

En effet, depuis le début des années 2000, le retour spéculaire du rock sur lui-même semble être devenu la caractéristique majeure d’une culture qui valorise la nostalgie, le recyclage et l’autocitation (à grand renfort de samples), qui multiplie les mausolées dédiés à sa propre gloire et dépose dans la crypte du Rock and Roll Hall of Fame ou du Musée du rock situé au cœur du complexe culturel et commercial de Las Arenas à Barcelone les fantômes des Beatles ou d’Elvis. Des fétiches – guitares, costumes de scène, etc. – y sont présentés à la dévotion des admirateurs : ils y interrogent souterrainement notre rapport à la marchandise (mais pourquoi diable le rock serait-il soustrait au regard de Karl Marx ?) et le lien en apparence paradoxal du rock au capitalisme. (…)
 

Collection
Questions de communication
Date de parution
Nombre de pages
412
Langue(s)
française
couverture : Questions de communication, 22.