Pratiques 203-204, « Des genres et des contextes »
Ce numéro entend revisiter la question des genres et des contextes. Il explore des productions sociales ancrées dans notre société contemporaine et relevant de différents secteurs d’activité, appréhendées sous l’angle de cadres théoriques variés. Si la coconstruction genre/contexte a été largement documentée, notamment par la sociolinguistique et l’analyse du discours dont elle en constitue le fondement, cette nouvelle livraison de Pratiques, loin de faire figure de bis repetita, réinterroge cette articulation à l’aune de nouvelles pratiques déployées dans les champs institutionnels, professionnels, académique et social. En effet, le développement des activités de médiation, l’évolution des outils et plateformes numériques, l’essor des productions graphiques ont eu un impact sur la caractérisation et la constitution des genres qui y sont rattachés.
Le contexte y est envisagé à la fois comme contrainte et comme possible. L’expérience en acte, les dynamiques affinitaires entre genres, les imaginaires qui traversent les pratiques, la part d’agentivité et les potentialités émancipatrices qu’elle revêt, autant de facteurs qui permettent de repenser la relation genre/contexte en questionnant les ressorts de cette intrication. Ce numéro examine donc la façon dont ces matérialités physiques et symboliques investissent les genres et leur donnent un caractère « vivant » et pleinement historique, dépassant ainsi le postulat de la prévalence du logocentrisme dans les études de ces pratiques sociales.
Le numéro s’articule autour de quatre thématiques présentant des genres peu explorés issues des champs de la production artistique et littéraire, académique et scolaire, de ceux de la militance et de la résistance aux catastrophes collectives, et du champ des institutions. La partie inaugurale du dossier porte d’une part sur la question de l’affinité entre genre et medium d’accueil et leurs accommodations réciproques ; il aborde d’autre part les relations entre technogenres et utilisateurs, interrogeant de fait les frontières entre technogenres et genres traditionnels ; une deuxième partie regroupe les genres de médiation, en prise avec les institutions, qu’ils s’en émancipent ou concourent à leur édification. La troisième partie présente des genres transposés dans d’autres contextes et examine leur reconfiguration en genre second ou en genre affilié. Le dossier se clôt sur des genres médiés par les imaginaires qui traversent le champ social.
Les contributions des auteur·es viennent ainsi compléter les théorisations antérieures sur le contexte engagées dans la revue. Elles abordent en effet cette question de façon oblique par les regards croisés qu’elles apportent sur des genres en prise avec leur environnement immédiat, les supports qu’ils investissent, les actants impliqués et les univers socio-discursifs qui les traversent.
Le dossier est précédé d'un hommage à la mémoire de Jean-Pierre Goldenstein (1945-2024) et est suivi par des articles publiés en varia ou en tant que notes de lecture.