Les Sciences du langage et la question de l’interprétation (aujourd’hui)
Si l’interprétation, dans son acception ou sa pratique logique, herméneutique ou philologique, est familière, comme notion ou opération, aux philosophes et aux littéraires, elle n’a été questionnée et problématisée qu’assez récemment par les linguistes. C’est que, non seulement les sciences du langage, parmi les disciplines citées, sont elles-mêmes apparues récemment, mais elles ont, si l’on veut, accordé la priorité au sens. Pour autant, vu notamment l’orientation prise par la sémantique, toujours plus soucieuse du contexte, les linguistes ne pouvaient rester plus longtemps indifférents à ce qui est l’envers, ou l’effet, de la construction du sens : son partage, son interprétation.
Il n’en reste pas moins que cette notion, ou cette opération, ne serait-ce par son histoire, comme on l’a dit, donc sa complexité épistémologique, se présente aux linguistes sous des jours différents : et c’est bien comme telle que le colloque que l’ASL lui a consacré en 2017 a voulu la questionner, en réunissant, puis en sélectionnant pour ces actes, des contributions qui puisent à des domaines aussi divers que la sémantique référentielle et lexicale, la sémiotique et la pragmatique argumentative ou interactionnelle, la linguistique textuelle ou l’analyse de discours, la linguistique analogique ou l’analyse textuelle de la poésie, ou plus largement des textes littéraires et de leur traduction… L’objectif n’étant pas d’aplanir ou d’unifier la notion dans les limites de notre discipline, nous pensons que le recueil suscitera l’intérêt du plus grand nombre de ses spécialistes, comme de ses praticiens.