Questions de communication, 10
Parler de faits humoristiques dans la communication médiatique suppose d’abord de restreindre le champ aux seules productions intentionnellement "humoristiques", ce qui éloigne immédiatement comme le soulignent Patrick Charaudeau et Anne-Marie Houdebine, de la question plus générale du risible et du rire. Naturellement, le destinataire peut ne pas reconnaître cette intention (méconnaissance), ou mal la saisir (incompréhension), ou encore la refuser (réduction normative), pour des raisons que nous tenterons d’expliquer plus loin. Il faut encore remarquer qu’il est rare de communiquer de façon "humoristique", selon une forme homogène et continue. Sauf exception, une conversation qui ne reposerait que sur l’échange de plaisanteries ou de moqueries est bien peu fréquente en dehors de la scène théâtrale ou du cabaret. Ainsi évoquera-t-on des communications qui tendraient, par le moyen d’une construction sémiotique complexe – jouant souvent sur plusieurs substances (verbale, iconique, sonore), adressée à un ou plusieurs destinataires – à provoquer un effet local "perlocutoire" de connivence, fondée sur les caractéristiques souvent décalées d’un énoncé et d’une énonciation.