Systèmes interactifs
Présentation
L'offrande relève du patrimoine culturel universel. Ses formes, ses substances sont de l'ordre du symbole, même si chaque société les conçoit et les perçoit selon d'autres conventions. En langue, dans les arts et dans les rites, les figures, allégories et emblèmes signifient des états d'âme et d'esprit.
Selon les traditions universitaires, le présent recueil est le témoin des dispositions intellectuelle et affective communes aux donateurs envers le donataire : des études linguistiques en hommage à Jean David, offertes par son maître, ses collègues, ses élèves, un cadeau d'anniversaire à un moment de plénitude de sa vie. Aux témoignages des plus proches, la tabula gratulatoria associe, tel un arrangement floral, un cercle encore plus large d'amis.
Le titre Systèmes interactifs de ces miscellanées festives se justifie doublement. Inspiré de la thèse proprement linguistique, que Jean David a soutenue en Sorbonne en 1979, il sous-tend l'ensemble de ses publications scientifiques. Jean David a en effet choisi la "théorie des systèmes", vérifiée en sciences biologiques et économiques, comme cadre explicatif pour la syntaxe d'une langue naturelle et a ainsi fait de 'l'interaction' le garant de l'articulation entre l'unité lexicale et la catégorie grammaticale. La démonstration s'est faite d'autant plus puissante - à la soutenance, le Recteur Paul Imbs, Président du Jury, confesse avoir «humé ce discours métagrammatical poétique» -, qu'elle est aussi devenue une devise de vie. Selon Paul Watzlawick, l'interactionnisme, en tant que conduite, établit le contact, résout le conflit, induit et fait admettre la décision. Linguistes et comportementalistes s'accordent pour y puiser les énergies favorables au relationnel et à l'attitudinal. Systèmes interactifs entend marquer ainsi symboliquement l'action universitaire de Jean David, dans ses aspects scientifiques, gestionnaires ou tout simplement humains.
Les objets d'étude ici réunis sont familiers au jubilaire : les formes, structures et contenus des unités langagières avec aussi une mise au clair de l'obscur, du sous-jacent, de l'énigme, du non-dit et de l'invisible. Les analyses visent l'essentiel : la relation entre les catégories et opérations du sujet pensant, les effets intentés et obtenus de la part du sujet parlant. Les auteurs y mettent en scène, chacun à sa façon et avec son tempérament, une linguistique actuelle et pluridisciplinaire. La réflexion sur le langage évolue sur plusieurs niveaux simultanément. Un éclairage multiple, différencié, transmue la nature morte en spectacle de vie.
Nous sommes heureux d'offrir cet hommage à Jean David, structuraliste dans sa discipline : la linguistique allemande, et dans son espace : l'Université de sa ville, de sa Région, de France et d'Europe, homme reconnu, aux distinctions officielles nombreuses, homme de raison, de tolérance et de cœur. Au nom de tous, nous y ajoutons l'expression de nos vœux les plus chers.
Table des matières
- Y. BERTRAND : Peut-on parler de "forme de politesse" ?
- J.-J. BLANCHOT : La tradition métrique en poésie anglaise: mesure allitérative et mesure syllabique
- G. BOURQUIN : Le travail de la langue sous-jacent aux emplois de fr. courir, ang. run
- D. BRESSON : La relation syntaxique et sémantique dans les composés nominaux de l'allemand
- J.-P. CONFAIS : No Future ? Les "futurs" du français et de l'allemand
- C. CORTES, Helga SZABO : Dépendance et détermination : le groupe verbal allemand
- E. FAUCHER : Langues, politique des langues, rêves technologiques, linguistique et enseignement des langues à l'épreuve des industries de la langue. Pour évoquer des débuts communs
- N. FERNANDEZ-BRAVO : Bitte et mal dans la question à effet directif
- J. FOURQUET : Sémantique catégorielle et sémantique connexionnelle
- G. GRÉCIANO : Supplement und Komplement als Argument. Zur Aufhebung einer syntaktischen Dichotomie durch die Logik
- A. GRUNWALD : Flexion von Adjektiv und Nominalgruppe im Deutschen : Zu ihrer Systematik und Didaktik
- F. HARTWEG : Défense, illustration et disparition d'une université "trans-nationale"
- P. HEITZLER : A propos de quelques traits spécifiques du dialecte alsacien de la région de Colmar
- M.-P. HERRMANN : Les emplois argumentatifs de oder
- J. JANITZA : Prolégomènes à la constitution d'une banque de données lapsologiques
- G. KLEIBER : A propos de Du Mozart. Une énigme référentielle
- M. LAPARRA : Problèmes de compréhension d'un texte explicatif à visée didactique. Et si les écrevisses allaient de l'avant !
- J.-C. LEJOSNE : Le cas particulier de la première place. Étude comparée d'un aspect du discours judiciaire dans deux langues germaniques et une langue romane
- R. MARTIN : Prédicat et argument en linguistique. La notion d'"argument intégré". Objet intégré et objet interne
- F. MULLER : Actualisation et marque forte en allemand
- M.-H. PÉRENNEC : Les techniques du discours rapporté dans la nouvelle d'I. Bachmann Simultan
- M. PÉRENNEC : A propos de auch : quelques réflexions et propositions concernant les méthodes d'analyse des opérateurs de discours
- A. PETITJEAN : Contribution sémiotique à la notion de "genre textuel"
- M. PHILIPP : L'espace-temps dialectal. Approche écolinguistique
- J.-L. RISSE : "Warum denn nicht auch Ausdembausegehen ?". Der Begriff Bestimmung und die Zusammensetzung bei Jobann Christoph Adelung
- H. RÖSSLER : Zum Verhältnis von Sprachkennen und Regelwissen im Grammatikunterricht. Auswertung eines Tests
- A. ROUSSEAU : Les modèles casuels et prépositionnels dans la syntaxe de l'Allemand moderne
- F. SCHANEN : Haben / Sein + Participe II : une ou plusieurs structures ?
- M. SCHECKER : Nebensatzwortstellung im Deutschen
- J.-E. TYVAERT : Ne et le marquage de la négation verbale en français
- P. VALENTIN : La construction du signifié : rigueur et bricolage
- M. VUILLAUME : La négation à longue portée
- M. WILMET : Incise et incidente
- J.-M. ZEMB : Pourquoi le non-falsifiable devrait-il être faux ?