L'anaphore et ses domaines

Présentation

Le titre et le clin d'œil qui le "gouverne" sont suffisamment clairs pour que l'on ne se méprenne point sur le contenu de ce recueil collectif d'articles consacré à l'anaphore. Il ne s'agit ni de s'en tenir à une seule conception de l'anaphore ni à un seul type d'approche des phénomènes anaphoriques.

Il apparaît en effet de plus en plus nettement qu'on ne peut plus actuellement enfermer la description des relations anaphoriques dans un seul domaine, méthodologiquement limité, d'étude, les diverses analyses échouant finalement dans leurs tentatives d'explication dès qu'elles s'affichent trop vite comme suffisantes. Qu'il s'agisse du partage traditionnel entre syntaxe, sémantique et pragmatique, ou de ce qui sépare ce qui relève du cadre de la phrase de ce qui dépend d'un niveau supérieur, qu'il s'agisse encore de l'appel à des considérations extérieures à la linguistique stricto sensu, d'ordre cognitif, par exemple, force est de constater que les réductions inhérentes aux approches pratiquées empêchent toujours la saisie complète de l'objet étudié. C'est dire qu'une synthèse éventuelle s'accompagnerait sans doute d'une importante refonte des principes d'organisation de l'analyse linguistique elle-même.

Dans l'état actuel des recherches, il est en conséquence plus sage d'accueillir, dans leur diversité même, les différentes propositions de description en comptant sur une stimulation dynamique et féconde issue de leur rapprochement.

C'est ce double souci de respect des diverses approches et de confrontation de leurs conclusions qui a présidé à l'élaboration de ce recueil. Plutôt qu'un ouvrage monochrome, nous proposons ici, dans l'ordre alphabétique des noms de leurs auteurs, des travaux d'écoles et d'horizons divers, dont la mise en commun, - c'est le souhait, du moins, que nous formulons -, conduira à une meilleure compréhension des phénomènes étudiés et suscitera, en écho, une reprise amplifiée des investigations de l'anaphore dans tous ses domaines.

Table des matières

•  A.-M. BERTHONNEAU : Site anaphorique a site déictique. Étude stratigraphique des compléments de temps
• M. CHAROLLES : Note sur les possibilités de reprise pronominale à la suite d'une question catégorielle
• F. CORBLIN : Les groupes nominaux sans nom du français
• F. CORNISH : Anaphore pragmatique, référence, et modèles du discours
• L. DANON-BOILEAU : Il y a deixis et deixis : considérations cursives sur les limites du fonctionnement déictique de "le" et du fonctionnement anaphorique de "ce"
• S. DAVID : Quelques remarques à propos du traitement automatique des relations anaphoriques
• W. K. H. DE MULDER : Anaphore définie versus anaphore démonstrative : un problème sémantique?
• J. HARMA : Les constructions disloquées en ancien français : Problèmes de définition et de délimitation
• M.-P. HERRMANN : Le rôle du déterminant dans l'accomplissement de la reprise lexicalisée : le cas du possessif
• G. KLEIBER : Article défini et démonstratif : Approche sémantique versus approche cognitive (une réponse à Walter de Mulder)
• L. LUNDQUIST : Un cas d'ambiguïté référentielle. Aspects pragmatiques
• L. PICABIA : Anaphore nominale dans une structure arborescente
• A. REBOUL : Rhétorique de l'anaphore
• G. REBUSCHI : Théorie du liage et autonomie de la syntaxe
• I. SOULE-BECK : Nom propre et anaphore
• J.-E. TYVAERT: Les contributions respectives de la syntaxe et de la logique à l'établissement des relations endophoriques
• A. ZRIBI-HERTZ : NP lui-même